Question de client : Que pensez-vous des convertisseurs de poste assis-debout ?

Cette série de texte vise à répondre aux questions qui nous sont posées par nos clients et dont la réponse pourrait bénéficier à l‘ensemble des gestionnaires, responsables santé-sécurité, conseillers en ressource humaines et nos autres clients.

La question du client à notre équipe d’ergonomes

«Bonjour,

Suite à notre conversation téléphonique, voici ci-jointes les photos des convertisseurs.

L’idée est que nous aurions besoin qu’un ergonome viennent évaluer les espaces de bureau dépersonnalisés [poste non assigné], qui ont un convertisseur, afin de voir s’ils sont conformes ergonomiquement, ainsi que sécuritaire.

Les convertisseurs ont été fixés aux bureaux mais il y en a qui bougent et pourrait donc causer un enjeu de sécurité/santé.

Nous avons besoin de savoir quoi faire pour que les espaces soient ergonomiques conformes, en général.

Merci!»

Notre réponse

Qu’est-ce qu’un convertisseur de poste assis-debout

Pour ce client, un convertisseur est un accessoires ergonomiques composé de deux plateaux, une pour le clavier et la souris et l’autre pour les écrans, et permettant de travailler assis ou debout. Ce type d’accessoire ergonomique connaît un essor important depuis quelque temps. Plusieurs fabricants ont développé leur version de ce produit permettant de rendre un bureau standard utilisable en position assis et debout. Une recherche sur google avec les mots clés «convertisseur bureau assis-debout» vous en montrera une panoplie. Généralement, les deux plateaux reposent sur un système d’élévateur à ciseaux permettant d’abaisser ou de hausser les plateaux pour permettre le travail en alternance entre la position assise et la position debout. Il existe aussi des versions dérivées des supports à écrans ou l’accessoire ergonomique comporte un bras pour le plateau du clavier et de la souris et un bras pour les écrans. Certains modèles disposent d’une tablette supplémentaire pour l’écriture.

Comprendre le besoin avant d’évaluer le produit

La visite des installations et l’entretien avec les personnes responsables du projet ont permis de cibler plus spécifiquement les besoins du client. En effet, le client disposait d’une vingtaine de postes avec deux types de convertisseurs ainsi qu’une variété d’autres postes ajustables. Le client avait effectué un changement organisationnel en passant d’un mode où les postes étaient assignés à un mode d’organisation où tous les postes (±120) sont à présents non-assignés. À l’occasion de ce changement, le client souhaitait offrir des convertisseurs à tous les bureaux afin de faciliter l’ajustement et encourager la variation posturale des employés. Après avoir acheté et testé une vingtaine de convertisseur, le client se retrouvait devant plus de questions que de réponses sur ces produits.

Après la visite des lieux et notre analyse de la situation, nous avons donc partagé avec le client certains de nos constats quant à l’utilisation des convertisseurs assis-debout dans ses espaces de travail. Bien que les convertisseurs permettent d’alterner entre la position assise et debout, ce type de produit possède certaines limitations :

6 limitations des convertisseurs assis-debout

  1. Les convertisseurs n’accommodent pas toujours bien la position assise : À un bureau standard (29 po de hauteur), même en abaissant le convertisseur à son plus bas niveau, le clavier et la souris se trouvent bien souvent trop haut (29-31 po) pour travailler confortablement en position assise. Cela est dû à la surépaisseur engendrée par le plateau sur lequel sont déposés le clavier et la souris. Cette situation peut occasionner divers inconforts aux membres supérieurs, épaules et nuque, par exemple.
  2. Les convertisseurs ne peuvent pas toujours accueillir le ou les écrans : Le plateau supérieur prévu pour le ou les écrans est souvent trop petit. L’évolution technologique nous amène à travailler avec des écrans de plus en plus gros et avec souvent plus d’un écran. En effet, plusieurs travaillent à présent avec deux, trois écrans voire encore plus d’écran. Il faut donc s’assurer que la surface où se trouvent les écrans soit suffisamment grande pour accueillir le tout. Il faut aussi s’assurer que le convertisseur puisse supporter le poids de tous ses écrans.
  3. Les convertisseurs ne peuvent pas toujours permettre un bon ajustement des écrans : Au-delà des caractéristiques des écrans (taille et poids), les convertisseurs ne permettent pas toujours de bien positionner ces écrans sur soi. Il est connu qu’il est préférable de centrer un écran sur soi et de placer l’écran secondaire du côté de son œil dominant. S’il y a un troisième écran, celui-ci sera nécessairement placé du côté de l’œil non dominant. De cette façon, un plus fort pourcentage du temps est passé avec au moins un écran centré sur soi évitant au minimum la torsion au niveau du cou. En plaçant le deuxième écran le plus utilisé du côté de son œil dominant, on peut réduire la rotation de la tête. L’écran étant plus prêt du cône de visibilité de l’œil avec lequel nous effectuons l’accommodement (communément appelé le focus). Compte tenu de leur espace restreint, les plateaux des convertisseurs ne donnent pas toujours la marge de manœuvre nécessaire au bon positionnement des écrans. Par exemple, il peut parfois être possible de mettre un écran face à l’utilisateur, mais il ne restera plus d’espace pour les autres écrans. Si le convertisseur est couplé à des supports à écran, cela peut débalancer le tout et faire en sorte que le convertisseur est instable voir inutilisable. L’utilisation de deux écrans peut se faire, mais en centrant la jonction des deux écrans avec la personne. Ce compromis n’est pas à privilégier pour les raisons déjà évoquées. Noter que votre dynamique de travail pourrait tout de même justifier cette configuration, mais c’est relativement rare.
  4. Les convertisseurs ne permettent pas toujours de placer les écrans à la bonne distance : L’utilisation de deux écrans de grande taille requiert de les éloigner afin de garder le plus possible les informations consultées dans le champ visuel et limiter la rotation du cou. La profondeur des convertisseurs actuelle est souvent trop courte. Il n’est alors pas toujours possible d’ajuster l’éloignement des écrans afin d’obtenir une distance œil-écran adéquate.
  5. Les convertisseurs ne permettent pas toujours d’ajuster ses composantes de façon indépendante : Le mécanisme permettant de monter ou descendre les deux plateaux (celui pour le clavier-souris et celui pour les écrans) se fait souvent de manière solidaire. Dans la situation de notre client, les convertisseurs utilisés ne permettaient pas d’ajuster les écrans assez bas pour les personnes de petites taille (5e percentile) et ne permettaient pas de les ajuster assez hauts pour les personnes du 95e percentile. Ainsi, quelqu’un avec un grand tronc devrait éventuellement ajouter un rehausseur d’écran sous ses écrans afin d’assurer un bon alignement horizontal. Ceci peut s’avérer moins esthétique ou même compromettre la stabilité des écrans lors de manœuvres de rehaussement ou d’abaissement du convertisseur. Cet aspect est à surveiller car certains modèles beaucoup plus dispendieux offrent des plateaux indépendants.
  6. Les convertisseurs ne permettent pas faire toutes nos tâches en position debout : Sur le plan fonctionnel, les convertisseurs disposent souvent d’une petite surface de travail suffisante pour contenir que le clavier et la souris. Cela ne permet pas d’y déposer les autres éléments dont nous pouvons avoir besoins (documents papiers, téléphone, etc.) Bien que les convertisseurs permettent de varier la posture, ceux-ci limitent les activités qu’il est possible de faire en position debout. Lorsque la ou les tâches impliquent de travailler en position debout avec beaucoup de chose (documents, téléphones, objets, imprimante), il est recommandé d’utiliser une table ajustable plutôt qu’un convertisseur. De plus, l’utilisation d’un convertisseur peut aussi nuire au travailleur en position assise. Cela peut éloigner le travailleur des documents et objets à manipuler durant le travail entraînant ainsi des inconforts (dos, épaules, etc.)

Comme vous pouvez le constater, les convertisseurs présentent de nombreux enjeux à surveiller lors de la sélection de ceux-ci. Dans le cas de notre client, nous comprenons l’objectif d’offrir des moyens pour varier la posture aux postes de travail des employés et permettre le travail tant en position assise que debout. Toutefois, le moyen technique utilisé pour rencontrer cet objectif ne doit pas venir altérer les autres aspects du poste de travail qui en font un espace ergonomique. Plusieurs enjeux identifiés affectent le confort, la sécuritaire et la fonctionnalité au poste de travail. Les convertisseurs ne permettaient pas d’atteindre la bonne hauteur pour accommoder 90% de la population, ils ne permettaient pas un bon positionnent des écrans, ils étaient instables et ils nuisaient au travail en position assise et debout en raison de la superficie étroite des surfaces.

En conclusion, le convertisseur peut sembler intéressant étant donné son coût peu élevé. Vous en trouverez à moins de 150.00$. Cela dit, cette solution convient et est adapté à une clientèle ciblée et certainement pas à tous et à toutes les personnes, situations et environnements de travail. La mise à disposition d’un nouvel équipement devrait toujours faire l’objet d’une bonne analyse de vos besoins (utilisateurs, tâches et environnement de travail). L’ergonome est une ressource de choix pour aider la sélection de mobilier et d’accessoires ergonomiques. Il en coute toujours moins cher d’être bien conseiller plutôt que d’acheter de mauvais équipements.