Employeur, faites-vous partie des 10% ?

Comme employeur, avez-vous de la difficulté à recruter et retenir votre personnel ? Offrez-vous des emplois de qualité ? Comment évaluer la qualité des emplois que vous offrez ? Une étude récente de Francis Green, professeur d’économie du travail et de l’éducation à l’University College de Londres, et Sangwoo Lee, chercheur en économie de l’éducation à l’Université de Warwick pourrait vous aider à y répondre. Bien sûr, plusieurs facteurs incluant le salaire et les conditions de travail sont importantes, mais les chercheurs identifient aussi d’autres variables. Ils en ont identifié sept qui sont :

  • Revenus : correspondant au montant mensuel net
  • Perspectives d’évolution de carrière : incluant le type d’emploi, le contrat type, la progression de carrière et la sécurité d’emploi.
  • Habileté et pouvoir discrétionnaire : inclus, entre autres, la résolution de problèmes, la complexité des tâches, la possibilité d’apprendre de nouvelles choses, les méthodes de travail, la consultation préalable lors de l’établissement des objectifs, le choix des collègues, la formation offerte par l’employeur, etc.
  • Environnement social : ceci inclus le support des pairs, le support du gestionnaire la rétroaction, le respect, la résolution des conflits, l’organisation du travail, les encouragements, de bons amis au travail et un lieu de travail sain sans abus.
  • Environnement physique : ce critère comprend les vibrations, le bruit, les hautes et basses températures, les poussières et la fumée, les vapeurs, les produits chimiques, la fumée de tabac et les matières infectieuses. Ceci comprend aussi les positions douloureuses, la levée de personne, la manutention d’objet lourds, la position debout et le mouvement répétitifs des mains.
  • Intensité du travail comprend le travail à haute vitesse : ceci comprend des délais serrés, les demandes directes, les cibles de performance, la vitesse automatique des machines et le contrôle direct du patron. Ce critère comprend aussi le fait d’avoir assez de temp pour réaliser la tâche, les conflits avec les valeurs personnelles et le fait de devoir gérer des clients mécontents.
  • Qualité du temps travaillé inclus les heures de travail, le travail de nuit et la fin de semaine, la gestion des horaires et la flexibilité à court-terme.

Une des conclusions des auteurs est la suivante :

«The evidence suggests a cut-off threshold for ‘bad jobs’ in Europe at a relatively low point in the job quality spectrum, at just the 10th percentile. Comparing workers in jobs below this threshold with those at the next decile, there is a distinctly large gap in psychological well-being. This threshold also marks large gaps in several other measures of well-being. Using this threshold gives a bad jobs/ other jobs dichotomy that discriminates on well-being far better than definitions based on either low earnings, or on a combination of low earnings and low job security, or on the contractual distinction between permanent and non-permanent jobs.» 

Ainsi, vous retrouver parmi les 10 derniers centiles pour ces critères pourrait témoigner que vous offrez des emplois de moindre qualité.

Que signifie être dans le 10 dernier centile en matière d’ergonomie ?

Plusieurs lois et règlements s’appliquent en matière de santé et sécurité au Québec et au Canada, ce qui, au niveau international, réduit les risques de se retrouver parmi les pourvoyeurs d’emploi de mauvaise qualité. Les auteurs remarquent d’ailleurs : «We also find a cross-country variation of bad jobs that conforms with expectations, in that the probability of being in a bad job is lessened in richer countries, and in countries with stronger labour regulation.»

Ainsi, un employeur qui ne se conformerait pas aux lois et règlements en vigueur serait bien évidemment dans l’illégalité, mais se retrouverait possiblement parmi les entreprises du 10% offrant des emplois de mauvaise qualité. D’ailleurs, avec la nouvelle Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail (LMRSST), les entreprises doivent maintenant élaborer un plan d’action ou un programme de prévention permettant d’identifier et d’analyser plusieurs risques, dont les risques ergonomiques. Le fait qu’une abondante législation soit présente et que les employeurs cherchent à se positionner comme employeur de choix pour conserver leurs employés monte la barre considérablement. Être parmi les employeurs n’offrant pas de formation en ergonomie, ne traitant pas des risques ergonomiques (position contraignante, les mouvements répétitifs, etc.) ou ne les traitant pas adéquatement vous rapproche dangereusement du seuil du 10% et de la mauvaise réputation qui pourrait être accolée à votre entreprise ou aux emplois que vous offrez.

Heureusement, une intervention en ergonomie peut vous aider à améliorer votre situation, et ce pour plusieurs critères élaborés dans l’étude précitée et vous aider à vous positionner comme un employeur soucieux du bien-être de ses travailleurs et travailleuses.

Références :